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20/01/07 - portrait de Nicolas Jacquette dans le Figaro Magazine

 

ENDOCTRINES, BRUTALISES, ASSERVIS, ...
SECTES - LES ENFANTS VICTIMES DES DERIVES SECTAIRES
Au moment où la MIVILUDES rend son rapport au Premier Ministre, les témoignages sur les violences contre les enfants s'accumulent.
par Claudie Baran

Le 24 janvier, la MIVILUDES, Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contres les Dérives Sectaires, rendra son rapport annuel au Premier Ministre. En décembre 2006, c'était à la commission parlementaire de publier les résultats de son enquête. Qu'en est-il du mouvement sectaire en France ? La question s'impose après la mission du député Jean-Pierre BRARD dans la secte de Thabitha's Place, une communauté où les enfants vivent claustrés. En France, combien d'autres mineurs subissent les sévices de gourous sans scrupules ? Une seule certitude : les sectes adorent les enfants.

Selon les Renseignements Généraux, il y a 380 groupes à dérive sectaire en France. Embrigadement des enfants, destabilisation mentale, rupture avec l'environnement d'origine, atteintes à l'inégalité physique, sont les critères retenus pour qualifier ces mouvements. Jean-Pierre BRARD avance le chiffre de 3 000 enfants victimes de sectes. Mais comment savoir quand les communautés n'inscrivent pas les nouveaux-nés à l'état civil, quand les bambins n'ont pas accès aux crèches, à l'école, aux activités culturelles, aux clubs de sport ? La force des sectes est de vivre cachées. Association phylanthropiques, sutien scolaire, cours par correspondance, médecines douces, organismes humanitaires sont autant de paravents... Partout, l'idéologie liberticide au mépris de l'enfant reste identique. La MIVILUDES et l'UNADFI (Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l'Individu) reçoivent de nombreux témoignages, terribles et concordants.

Des adultes à l'enfance sacrifiée, que ce soit chez les Témoins de Jéhovah, les Scientologues ou les Enfants de Dieu, livrent ainsi leur témoignages brut.


TEMOINS DE JEHOVAH : LA LOI DU SILENCE

"On ne sort d'une prison qque si l'on est proche de la porte..." Elocution parfaite, vocabulaire riche, diction d'orateur. Les yeux de Nicolas Jacquette posent sur son interlocuteur un regard sans ombre. Il y a deux ans, Nicolas s'est libéré de ses chaînes: vingt-deux années dans la secte des Témoins de Jéhovah.
Ses souvenirs d'enfances sont une succession d'interdits : pas de célébration de noël, ni jour de l'an, ni anniversaires. Dès l'enfance, le dogme est enseigné au marteau.
"Vingt-deux années d'endoctrinement... Je suis encore aujourd'hui incapable de mesurer l'influence réelle de ce formatage sur mon comportement au quotidien."
Ses entraves sont de lourds secrets qu'il est temps d'expulser de sa mémoire : "Les cas d'agressions sexuelles sur mineurs sont nombreux chez les TJ. Réglée en interne, toute accusation doit être étayée par deux témoins oculaires... Ensuite, il appartient aux anciens de déterminer de façon tout à fait arbitraire si l'enfant dit oui ou non la vérité. Les pédophiles sont protégés par un code du silence. Quand aux jeunes victimes, elles subissent des pressions pour se taire. Leur parole est sans valeur." Un rapport de l'UNADFI consacre un chapitre sur le sujet dans le n°87 de la revue Bulles (Réveillons-nous ! Spécial Témoins de Jéhovah, octobre 2005, 3e trimestre). La MIVILUDES - Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires - l'évoque aussi dans un paragraphe de son bilan 2005 adressé au Premier Ministre. Une association de victimes des TJ s'est créée il y a cinq ans aux Etats-Unis. Silent Lambs est présidée par Bill Bowen, ancien adepte retiré en Pennsylvanie. Ils seraient, dans le monde, 23720 mineurs victimes de viols et d'incestes chez les TJ à a voir raconté leur calvaire à l'association...
Aujourd'hui, Nicolas a retrouvé le sourire. Mais il a été répudié par les siens : "Quand ma mère a appris que je quittais la secte, elle m'a adressé une lettre de huit pages, sentencieuse, qui commençait par ces mots : "Que de douleur tu m'occasionnes en ce moment ! Je me sens comme une mère dont le fils serait en train de mourir, convaincu par des charlatans d'absorber jour après jour du poison, parce qu'ils l'auraient persuadé qu'ils veulent son bien alors qu'ils veulent sa mort...""



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